L’école virtuelle de la CSEM comble une importante lacune pour les élèves qui doivent rester à la maison
Avec 545 élèves inscrits à l’école virtuelle de la Commission scolaire English-Montréal (CSEM), la directrice Christy Tannous raconte que tout se passe très bien. L’école virtuelle continuera peut-être même de jouer un rôle important après la pandémie.
L’école virtuelle de la CSEM est une expérience d’enseignement et d’apprentissage innovatrice qui se déroule hors des établissements scolaires traditionnels. Elle continue d’évoluer sous la supervision du directeur adjoint Réal Heppelle et de Mme Tannous. Éducatrice bilingue, elle enseignait auparavant le français et a été directrice adjointe à l’école primaire Pierre-de-Coubertin à Saint-Léonard et directrice adjointe à l’Académie Royal West à Montréal-Ouest.
Elle n’imaginait toutefois pas que son premier poste de directrice allait prendre cette forme lorsqu’elle est entrée en fonction au début du mois d’octobre. « Je n’aurais pour rien au monde refusé ce poste! », dit-elle. C’est une occasion qu’elle juge remplie de défis, et qui l’oblige à mettre à contribution son expérience professionnelle tant au primaire qu’au secondaire et sa maîtrise des deux langues officielles pour travailler avec le personnel enseignant et les parents.
Mme Tannous nous a raconté comment les choses se sont passées jusqu’à présent à partir de son « bureau de directrice » situé au centre administratif de la CSEM.
L’école virtuelle de la CSEM compte en ce moment 310 élèves au primaire, de la prématernelle à la sixième année, et 235 au secondaire. Elle offre les mêmes programmes de français que ceux habituellement offerts dans les écoles. Les élèves du primaire qui sont normalement en immersion française et qui ont été transférés à l’école virtuelle reçoivent un enseignement et des travaux scolaires de la même qualité. En plus des cours réguliers de français optionnels, les élèves du secondaire peuvent continuer de suivre leurs cours de niveau avancé dans des matières comme la chimie, la physique et les mathématiques.
L’école virtuelle de la CSEM a aussi une « classe fermée » pour les élèves qui ont besoin d’un environnement particulier, comme ceux qui ont un trouble du spectre de l’autisme ou qui sont dans une classe de renforcement du développement affectif et cognitif (programme SEEDS). Quant aux élèves qui ont un plan d’intervention personnalisé (PIP), ils continuent de recevoir du soutien en dehors de la salle de classe. La CSEM fournit des ordinateurs et du matériel de vidéoconférence aux élèves qui en ont besoin.
Qui participe à l’école virtuelle de la CSEM?
Les élèves participant à l’école virtuelle sont ceux qui, en temps normal, fréquentent une école de la CSEM, mais qui ont obtenu un billet médical les exemptant de se présenter à l’école en raison de risques pour leur santé associés à la COVID-19 ou pour celle des membres de leur famille à la maison. Les élèves de la CSEM qui doivent se placer en quarantaine en raison de la COVID-19 demeurent liés à leur école physique habituelle et restent connectés avec leur enseignant et leurs devoirs grâce à différentes plateformes d’enseignement en ligne. Le caractère transitoire n’est donc pas un problème à l’école virtuelle de la CSEM, car les élèves y sont inscrits et y restent pour toute l’année scolaire.
L’école virtuelle devient une véritable école pour les jeunes atteints d’autisme ou d’asthme sévère qui ne peuvent pas porter de masque. Les élèves vivant avec un membre de leur famille qui présente une immunodéficience, comme une femme enceinte souffrant de diabète gestationnel, sont aussi inscrits à l’école virtuelle. La commission scolaire compte également parmi son personnel enseignant des membres qui ne peuvent pas enseigner en classe en raison de problèmes de santé ou parce qu’elles sont enceintes, mais qui peuvent toutefois enseigner à distance.
Même si l’école virtuelle accepte de nouveaux élèves au fil de l’année scolaire, Mme Tannous indique que le nombre d’inscriptions est demeuré stable après la première vague d’inscriptions à l’automne dernier. Le nombre de demandes a aussi connu une forte augmentation lorsque le port du masque est devenu obligatoire dans les salles de classe, cet automne, en fonction du niveau scolaire.
Est-ce que tout se déroule bien jusqu’à présent?
« Je suis tellement fière de ce que nous avons accompli jusqu’à présent », dit Mme Tannous. Selon elle, certains élèves qui ont de la difficulté à se concentrer peuvent apprendre et réussir beaucoup mieux dans un contexte virtuel puisqu’il y a moins de distractions. Ils peuvent modifier certains paramètres de leur classe virtuelle en cliquant sur une option pour voir leurs camarades ou pour mettre en vedette l’enseignant.
« Des parents nous ont dit à quel point ils sont contents que leur enfant puisse apprendre en ligne et ainsi protéger la santé de leur famille. » Mme Tannous connaît plusieurs parents immunodéprimés qui étaient prêts à quitter la maison pour permettre à leur enfant de rester à l’école.
Comme tout ce qui est nouveau, l’école virtuelle de la CSEM est « en constante évolution. Nous apprenons sans cesse et nous nous adaptons en fonction des besoins du personnel et des élèves ».
Jacqueline Levesque, mère de Joshua Tam, un élève de cinquième secondaire, dit que d’avoir tous les cours sur une seule plateforme fonctionne très bien parce que cela facilite le suivi de l’information et du travail à faire, ainsi que le passage d’un cours à un autre. « L’école virtuelle est un environnement plus tranquille, ce qui aide mon fils à se concentrer. Puisque ses cours se terminent à 13 h, il a le temps de bouger avant de faire ses devoirs. Le personnel de la CSEM fait de son mieux malgré cette situation très difficile. Nous tenons à les remercier pour tout leur soutien. »
Mme Levesque et son mari courent tous les deux des risques élevés s’ils contractent la COVID-19. « L’école virtuelle est très importante pour nous, car elle nous a permis de réduire considérablement notre niveau de stress et d’inquiétude », dit-elle. « Comme la plupart des parents, la rentrée nous inquiétait, puisque la santé de notre fils est primordiale. L’école virtuelle a permis à Joshua de poursuivre ses apprentissages pour qu’il puisse éventuellement obtenir son diplôme à la fin de l’année tout en minimisant les risques pour notre santé. »
Y a-t-il un avenir pour l’école virtuelle après la pandémie?
« J’espère que oui », dit Mme Tannous. « Elle offre l’occasion exceptionnelle aux élèves qui ont des styles d’apprentissage différents de ne jamais manquer l’école. Lors d’une année scolaire normale, dans un environnement scolaire normal, il y a toujours un grand nombre d’élèves malades qui ne peuvent pas se rendre à l’école et s’asseoir en classe. L’école virtuelle leur permet de rester engagés dans leurs apprentissages pendant qu’ils prennent soin de leurs problèmes de santé. »
Selon elle, ce qui différencie une journée scolaire virtuelle d’une journée scolaire ordinaire, ce sont toutes les minutes improductives entre les cours qui ponctuent la journée. Par exemple, le temps perdu à marcher dans les corridors entre les cours, le temps de s’habiller pour sortir pendant les récréations, et le temps de préparer ses vêtements et son sac à dos au début et à la fin de la journée. Le temps passé dans l’environnement de l’école virtuelle est entièrement consacré à l’enseignement et au tutorat. « Il n’y a pas de temps supplémentaire. Il s’agit d’un horaire concentré », souligne-t-elle.
Et le temps, c’est important pour beaucoup de familles. Ce que Nancy Amaral, mère de Mia Amaral-Sgouromitis, une élève de première secondaire, aime le plus de ce système, c’est la planification « mûrement réfléchie » des horaires qui permet à ses enfants de se préparer pour leurs cours. Elle aime aussi pouvoir communiquer facilement avec les enseignants et les autres membres du personnel. « Cette expérience nous a permis de minimiser le temps et le stress liés aux déplacements, et de réduire les risques pour notre santé. Mes enfants ont plus de temps pour terminer leurs devoirs à une heure raisonnable, ce qui nous donne l’occasion de souper ensemble et de passer du temps de qualité en famille avant d’aller au lit. » Son fils est en sixième année et participe aussi à l’école virtuelle.
Le nombre d’élèves par classe à l’école virtuelle primaire est de 15 à 20, et peut grimper à 34 au secondaire. Mme Hannous sélectionne son personnel enseignant dans le même bassin d’enseignants disponibles que les autres directions d’école. Certains membres du personnel enseignant ont interrompu leur retraite pour enseigner virtuellement, mais ce sont souvent des spécialistes d’une discipline, comme la musique, par exemple.
Lisa Vigderhous, mère de Charlie Brookman, élève de première secondaire, estime que les enseignants de son fils « sont exceptionnels. Ils s’investissent à fond dans le bien-être de leurs élèves, et ils ont tous donné librement de leur temps pour des travaux dirigés supplémentaires et même des séances individuelles. » Elle raconte qu’il y a eu une période initiale d’adaptation. Charlie a dû s’adapter aux cours en ligne et à l’absence de manuels au début de l’année, alors qu’il amorçait son secondaire. Selon elle, le personnel enseignant s’est montré réceptif. Son fils est à l’aise avec la technologie, il aime avoir sa webcam ouverte et « il s’épanouit ».
« L’école virtuelle a été un cadeau du ciel. Nous compatissons avec les familles qui n’ont pas eu de choix. Nous aurions bien sûr aimé qu’il puisse fréquenter l’école en personne, surtout pour sa première année au secondaire, mais nous ne pensons pas qu’il prendra de retard sur le plan psychologique et émotionnel. Il est resté en contact avec ses amis du primaire et il s’est même fait un ami virtuel à l’école. »
L’environnement d’apprentissage virtuel offre l’occasion de socialiser
Des éducateurs spécialisés du primaire ont créé des groupes pour la période du dîner. Les élèves peuvent quitter leur groupe-classe et joindre un groupe avec leurs camarades en ligne pour parler et dîner ensemble.
« Les activités parascolaires contribuent grandement à la socialisation », explique Mme Tannous. « Elles permettent de réduire l’isolement et offrent l’occasion de se réunir de façon plus naturelle. » Il y a par exemple les clubs de lecture et des activités où les jeunes élèves doivent trouver à l’extérieur un objet de la nature qu’ils présentent ensuite aux autres. « Nous essayons de faire de l’apprentissage virtuel une expérience qui va au-delà du simple fait de s’asseoir devant un écran. »
Quels sont les défis à relever?
Outre les petits problèmes techniques bien connus qui perturbent certaines des sessions en ligne, quelques autres défis se posent à Mme Tannous et son équipe.
« Notre personnel a dû revisiter la manière d’enseigner qui leur a été apprise parce que la plupart de ces techniques ne peuvent pas s’appliquer en ligne. Les enseignants évaluent les élèves différemment en utilisant plusieurs petites évaluations plutôt qu’une évaluation de plus grande ampleur », explique-t-elle. Ils doivent prendre en compte le fait que les élèves ont accès à beaucoup d’outils dont ils ne disposent normalement pas en classe, comme les outils de traduction en ligne, les tuteurs disponibles sur appel, et la présence d’adultes qui peuvent devenir une ressource très souvent sollicitée.
La trop grande participation des parents dans la salle de classe est l’un des plus grands défis mentionnés par le personnel enseignant. Surtout au primaire, les parents ont tendance à se tenir à proximité et « ils pensent qu’ils peuvent s’immiscer dans le cours et intervenir, ou ils aident trop leur enfant, dit-elle. Les parents oublient que les enfants sont normalement livrés à eux-mêmes à l’école, et que s’ils s’investissent trop dans l’apprentissage virtuel de leur enfant, ce dernier pourrait trouver difficile de retourner à l’école le moment venu. »
Pour plus de renseignements, consultez le www.emsb.qc.ca/virtuallearning.